Le professeur de musique viré sur un air de samba

Le rectorat de l'Académie de Poitiers ne plaisante pas avec la morale. Un professeur de musique contractuel l'a appris à ses dépens. Le 27 août 2019, son employeur lui signifie son licenciement sans préavis ni indemnité pour atteinte grave à l'exemplarité et à la dignité de sa profession par diffusion d'une vidéo érotique à des collégiens.

Diable! Quelle « cochonnerie » cet enseignant, par ailleurs professeur de guitare à Poitiers, où il réside, a-t-il bien pu mettre sous les yeux innocents de ses élèves du collège Louis-Merle de Secondigny (Deux-Sèvres) à l'occasion d'un cours sur la musique brésilienne? En fait de brûlot érotique, il s'agit d'un documentaire d'Arte sur le sujet, qui comprend il est vrai quelques vues de jeunes femmes dénudées.

« Au collège,
on n'aimait pas
ma posture »

Et notamment une courte séquence dans laquelle on voit une Brésilienne nue sous la douche et dont l'enseignant admet bien volontiers aujourd'hui qu'elle lui avait échappé: « Je reconnais que je n'avais pas visionné la vidéo jusqu'au bout », nous a-t-il expliqué, joint par téléphone.
L'enseignant licencié a saisi le tribunal administratif qui vient tout juste d'annuler la sanction, ne voyant pas en quoi un documentaire culturel diffusé sur une chaîne publique à une heure de grande écoute ne pourrait pas être montré à un public d'adolescents.
Le professeur de musique doute fort cependant d'être réintégré dans l'Éducation nationale, lui dont la carrière s'était jusqu'alors déroulée sans anicroche dans des établissements privés.
Il ne dissimule pas conserver de cet épisode malheureux une animosité à l'encontre du collège, du rectorat et de la commission disciplinaire qui l'ont sanctionné. « On n'aimait pas ma posture », explique le professeur qui s'efforçait, dit-il, de mettre en perspective l'enseignement de la musique et l'histoire politique du monde: « Mon propos c'était de donner un peu de culture à ces élèves. » Quelques notes de samba sur des images un peu trop crues au goût de l'Éducation nationale ont sonné le glas de cette ambition.