Crise sanitaire : le Covid fait baisser le surendettement dans la Vienne
audioC'est une conséquence pour le moins inattendue de la crise sanitaire : en 2020, dans la Vienne, le nombre de dossiers de surendettement s'est effondré de 28,3 % ! Certes, la tendance de ces six dernières années était à la décrue – de l'ordre de 10 % de dossiers en moins chaque année – mais là, de toute évidence, on a bien affaire à un « effet Covid ». Un effet plus accentué dans la Vienne qu'à l'échelle nationale (-24 %) et régionale (-25,5 %).
Faut-il se réjouir de ce chiffre exceptionnel ? Oui et non. Oui, parce qu'un recul des cas de surendettement est synonyme de souffrances en moins. Non parce que ce chiffre est en grande partie un trompe-l'oeil. D'ailleurs, on s'attend à la commission à voir s'envoler les nouveaux dossiers dès l'an prochain.
Ces chiffres ne reflètent que très imparfaitement l'état de la pauvreté dans la Vienne En fait, si les gens se sont moins endettés, c'est, d'une part, parce qu'ils ont moins dépensé : une belle lapalissade qui découle des confinements et autres couvre-feu à répétition. Ensuite, parce que le gouvernement, dans sa généreuse politique de distribution des fonds publics, a mis en place des aides nouvelles en mars et avril 2020, qui ont évité à plus d'un ménage de prendre l'eau. Enfin, les banques, dans leur grand mouvement de sauvetage de l'économie française, ont su aussi se montrer compréhensives pour leurs clients les plus en difficulté.
Mais le résultat est là : seulement 731 dossiers de surendettement présentés en 2020 à la commission, qui a dressé son bilan annuel il y a quelques jours en présence de la préfète Chantal Castelnot et du directeur départemental de la Banque de France, Patrick Saulnier. Et parmi eux, 413 dossiers de « primo-déposants ». C'est assez peu.
C'est peu mais ça ne reflète que très imparfaitement l'état de la pauvreté dans la Vienne. Les vrais pauvres, ceux qui peinent à acheter de quoi nourrir leur famille, n'ont généralement pas les moyens d'être endettés. Leurs rangs viennent d'être tragiquement grossis par des bataillons d'étudiants privés des petits boulots qui leur permettaient de survivre.
Qui sont donc les surendettés de la Vienne ? Ce sont très généralement des locataires – qui bien souvent ne peuvent plus payer leur loyer, d'ailleurs – mais 15 % des demandeurs sont propriétaires de leur résidence principale : c'est cinq points de plus que la moyenne nationale.
Une dette étalée ou effacée 71 % des ménages surendettés sont constitués de personnes vivant seules ou de familles monoparentales. Par conséquent, les femmes sont légèrement plus exposées que les hommes au risque de surendettement (52 %).
Le montant moyen du surendettement par ménage demandeur est de 13.600 € (hors achat de la résidence principale). Après examen de leur dossier, il s'avère que la moitié des demandeurs s'avèrent totalement incapables de rembourser le premier sou de ce qu'ils doivent. Leur dette est alors mise en attente de jours meilleurs, voire totalement effacée en fonction de leur situation.
Pour les autres, diverses mesures peuvent être envisagées, de l'étalement de la dette à la liquidation judiciaire. Une mesure classique pour des entreprises qui reste heureusement rarissime pour les particuliers.