Accident mortel à Blaslay : le renvoi conduit au malaise

Publié le 26-03-2021 06:25:00
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Le procès d'un chauffard, poursuivi pour homicide involontaire dans un drame de la route, a été renvoyé hier dans des circonstances qui posent question.

En matière de justice aussi, il y a des renvois qui peuvent conduire au malaise. Celui hier à Poitiers du procès de Robin, un aide-soignant sarthois de 24 ans multi-récidiviste de délits routiers, pose pour le moins de nombreuses questions.
Le jeune chauffard, incarcéré à Vivonne après avoir été condamné dans une autre affaire, doit sortir de prison le mois prochain. Hier, il devait répondre entre autres poursuites « d'homicide involontaire commis avec au moins deux circonstances aggravantes en récidive ». Ce 20 octobre à 8 h 30, l'aide-soignant complètement ivre roulait à tombeau ouvert au volant de sa puissante Mercedes en compagnie d'une collègue de Buxerolles. Il avait percuté à Blaslay le Renault Espace d'une sexagénaire du pays. Dans le choc effroyable, la dame décédait sur le coup. Cet énième accident mortel sur la D347 avait provoqué un grand émoi. Le chauffard avait en sa possession un magnum d'alcool fort retrouvé après la collision alors que le compteur du bolide était resté bloqué au-delà des 150 km/h et que les prélèvements sanguins avaient révélé un fort taux d'alcoolémie.
L'aide-soignant défendu par une ténor du barreau de Paris Hier, Robin devait faire face à ses responsabilités mais aussi aux victimes constituées parties civiles. Sa passagère d'abord mais aussi le frère et le fils de la victime défendus quant à eux par Maître Mégane Mironneau. Le procès n'a pas eu lieu. La demande formelle d'extraction du prévenu est parvenue trop tard pour que les services ad hoc puissent organiser l'escorte. Robin a refusé d'être jugé en visioconférence. Le renvoi était alors inévitable. Le débat sur le sujet a tourné court. Mais la partie civile a soulevé un problème de taille : Robin doit sortir de prison courant avril après avoir purgé sa peine. D'ici le 28 septembre 2021 à 14 h, date fixée hier pour le renvoi, il sera libre de ses mouvements, le tribunal n'ayant pas le pouvoir de le maintenir en détention ou de lui imposer un contrôle judiciaire.
« J'espère qu'il n'y aura pas d'autres morts » La partie civile s'en est ému avec force. « J'espère qu'il ne fera pas d'autres victimes, qu'il n'y aura pas d'autres morts d'ici là », a tempêté Maître Mironneau pointant aussi du doigt « les manoeuvres dilatoires de la défense. »
Une défense de ténor du barreau parisien peu habituée des prétoires de province et des affaires de délinquance routière. C'est Julia Minkowski qui représentait Robin après avoir fait le déplacement de Paris. La renommée juriste est associée au prestigieux cabinet Temine. Elle est intervenue dans les affaires Clearstream ou Bygmalion et défendit les intérêts de Bernard Tapie ou Jean-Francois Copé.
Tout ce beau monde doit donc se retrouver le 28 septembre. La défense par la voix forte de Maître Minkowski avait demandé une enquête de personnalité, des expertises médicales et psychiatriques, complémentaires pour son client. Le tribunal a jugé que le dossier était suffisant en l'état pour juger Robin en septembre prochain.

Loïc LEJAY