Quand le bois des Chevreaux faisait de la résistance

Publié le 02-03-2021 05:00:39
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Retour sur l'histoire du bois des Chevreaux, qui accueillit pendant la Seconde Guerre mondiale les résistants du maquis Renard.

Le mois de mars est là et les beaux jours ne devraient pas tarder. Avec la pandémie qui sévit, le besoin de liberté commence à se faire sentir et les séjours à la campagne pour profiter de sa nature, désormais s'amplifient. Situé en bordure du CD. 727, le bois des Chevreaux, grande étendue forestière qui s'étend à la jonction des communes de Joussé et de La Chapelle Bâton est un espace privilégié et chargé d'histoire dans le Civraisien. Un lieu que parfois empruntent les promeneurs.

De 29 volontaires à plus de 300 
à la Libération

En 1944, le maquis Renard D.3 s'installe dans le bois de Moiseau, situé dans une boucle du Clain, mais cet emplacement est jugé dangereux et un autre endroit est choisi: le bois des Chevreaux, situé à quelques encablures de Joussé. Cette grande partie boisée était incontestablement plus appropriée pour faire partir les commandos qui allaient combattre et harceler l'ennemi par des sabotages. Né le 7 juillet 1944, ce maquis était placé sous le commandement du Capitaine Edmond Bernard alias Renard. Ses effectifs, composés de 29 volontaires au départ, atteindront plus de 300 personnes à la Libération. Ses actions ont porté sur les sabotages de la ligne SNCF de Saint-Saviol, l'attaque des haras de Champagné Saint-Hilaire, le 13 août 1944 et diverses embuscades lors de la remontée des troupes allemandes, notamment l'accrochage au Pont de l'Isle, à Taizé-Aizie, qu'il détruisit presque totalement, le 28 août. Il participa, le même jour à la bataille de Civray.
À la libération de la Vienne, le 25 septembre 1944, ce maquis fut envoyé sur le front de l'Atlantique, dans la poche de Saint-Nazaire. Avec la réunion de plusieurs maquis, il a formé le 125 Régiment d'Infanterie.
Après avoir hébergé, il y a 77 ans déjà, des jeunes épris de liberté et qui ont tout donné pour la libération de la patrie, ce bois désormais a retrouvé sa quiétude: seuls quelques promeneurs ou chercheurs de champignons profitent un moment de cet espace forestier où le calme et la sérénité sont propices à la méditation. Au terme de leur périple, certains s'arrêtent un instant et se recueillent près de la stèle rappelant la formation de ce maquis et l'honneur dû à ses morts et ceux de la résistance. Le nom de ce bois est connu dans tout le Civraisien et un équipage de vénerie porte son nom: le rallye du bois des Chevreaux. Implanté à Joussé depuis 1988, il chasse le renard, nom donné à ce maquis qui comme cet animal rusé déjouait souvent les pièges de ses ennemis et disparaissait sans laisser de traces. Un moment d'histoire et un souvenir du passé qui font partie du patrimoine du Pays civraisien.

Cor.: Jacky Bézaguet