Cluster à l'hôpital: comment c'est arrivé

Publié le 02-03-2021 05:00:39
Écouter l'article
audio
Votre navigateur n'est pas compatible avec l'élément
Le foyer de Covid à Loudun est l'un des plus importants en hôpital dans la Vienne depuis le début de l'épidémie. La question de son apparition se pose, alors que la moitié du personnel est vacciné.

C'est un foyer qui n'a cessé de s'amplifier depuis son apparition le 12 février.

De 7 cas, l'hôpital Théophrase-Renaudot à Loudun est passé à un pic de 57 cas, comme nous l'annoncions vendredi dernier: 26 patients, 5 résidents de l'Ehpad et 26 professionnels de santé étaient positifs au coronavirus, dont plus d'un tiers contaminé au variant anglais.

« La situation est sous contrôle »

Tous les secteurs du centre hospitalier sont touchés (médecine, Unité de soins de longue durée, Soins de suite et de réadaptation, Ehpad...).
Et, pour contenir la maladie, les admissions en médecine ont provisoirement été suspendues (avant un dépistage massif programmé demain). « Il est plus raisonnable que les admissions s'effectuent momentanément à Châtellerault ou Poitiers plutôt que de faire prendre un risque inconsidéré à la population loudunaise, estime le maire de Loudun, Joël Dazas. C'est toujours embêtant d'en arriver là mais il faut bien prendre les bonnes décisions à un moment donné. »
Le premier magistrat de la ville se veut rassurant. « Dire que je suis inquiet? Je ne le suis pas. Mais je m'interroge comme beaucoup de gens. Pourquoi un tel cluster à l'hôpital de Loudun? Est-ce que ça vient de l'intérieur? De l'extérieur? Le résultat est là. Ce qui est rassurant, c'est que la grande majorité des cas positifs sont asymptomatiques. C'est moins inquiétant. Il n'y a pas de forme grave de la maladie. La situation est sous contrôle. »
Pour Olivier Goyer, de la CFDT de l'hôpital de Loudun, la hausse des cas de Covid-19 pourrait être liée à l'effet dépistage, à savoir l'augmentation du nombre de tests.
« Sur tous les sites du CHU, les chiffres stagnent, sauf dans le Loudunais, où on note une hausse du taux d'incidence avec 318 cas pour 100000 habitants [seuil d'alerte maximale: 250]. Il y a des cas partout, maintenant, même si Loudun n'est pas forcément touristique. Il y a aussi de plus en plus de dépistage avant de se faire vacciner. Donc plus on cherche, plus on trouve. C'est bon signe aussi, ça veut dire qu'on protège. »
Ce cluster dans l'établissement de Loudun intervient alors que la vaccination des soignants, déterminante dans les hôpitaux, a pourtant été enclenchée depuis janvier, rappelle la direction de la communication du CHU de Poitiers, dont dépend l'hôpital de Loudun: « Malgré les précautions, les gestes barrières, cela n'a pas suffi. C'est à la fois culpabilisant et démoralisant. Mais la campagne de vaccination auprès des professionnels de santé doit permettre de limiter la propagation du virus. À ce jour, 40% de ce personnel de santé de Loudun (AstraZeneca et Pfizer) est vacciné ou a reçu la première dose. »

Pourquoi détecte-t-on encore des clusters?

Alors, pourquoi détecte-t-on encore un cluster à l'hôpital de Loudun?
Contrairement à une idée répandue, la plupart des vaccins n'empêchent pas de tomber malade mais réduisent le risque de forme sévère et donc d'hospitalisation, révèle Olivier Goyer.
Les clusters en hôpitaux comme à Loudun, aux origines multiples, compliquent le travail des soignants comme la prise en charge des patients, parfois contaminés sur place. Le risque zéro n'existe pas.
Le maire de Loudun insiste: « Malheureusement, cette épidémie on ne l'a pas dans le dos, on l'a encore devant nous. J'aurais tendance à dire aux Loudunais d'être raisonnables, de respecter les gestes barrières. »

bon à savoir

« Des annulations et des désistements »

L'annonce du cluster à l'hôpital de Loudun n'est pas sans conséquence sur l'activité, relève Olivier Goyer, de la CFDT. « Nous avons plein d'annulations de rendez-vous et des désistements par crainte d'attraper le virus. Mais ce n'est pas forcément en hôpital qu'on attrape le virus. Les admissions en médecine (hospitalisations) sont suspendues mais les autres activités fonctionnent, comme les consultations, l'imagerie, la radio, les urgences... Donc les patients peuvent venir. Il ne faut pas qu'on empêche les gens de se faire soigner. »

Denys Frétier