Rencontres littéraires: la Ville face aux critiques

Publié le 27-02-2021 05:01:34
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Avec les Rencontres littéraires, la Ville revoit le Salon du livre de fond en comble et assume ses choix. Mais des auteurs régionaux ne s'y retrouvent pas.

Les Rencontres littéraires, du 11 au 13 juin, seront très différentes du Salon du livre des années précédentes. Quels sont vos objectifs?

Anne-Marie Borrego, adjointe à la culture: « Nous souhaitons que, pendant le week-end, les habitants puissent rencontrer et avoir des temps d'échange avec les écrivains. Dans [le terme] Salon, il y a une connotation plus commerciale. Ici, nous voulons mettre l'humain au centre, même si bien sûr nous espérons que les visiteurs auront envie de lire et d'acheter des livres. Il y aura des moments de convivialité le vendredi et le samedi soir place Leclerc, avec de la restauration et un concert de musique brésilienne. »

Pouvez-vous déjà annoncer les noms de quelques auteurs présents?

A.-M. B.: « Une trentaine ont répondu à l'invitation à ce jour, dont Djaïli Amadou Amal (Prix Goncourt des lycéens pour Les Impatientes, éditions Emmanuelle Collas), Bruno Gibert (jeunesse) et Eva Offredo (jeunesse) qui sera en résidence dans des écoles du sud Vienne. Nous attendons la réponse de Lidia Jorge, qui dépend des conditions sanitaires au Portugal. Alberto Manguel ne pourra pas venir. »

L'éditeur Geste et la Société des auteurs de Poitou-Charentes font savoir leur mécontentement sur le manque d'auteurs régionaux parmi les invités.

A.-M. B.: « Je comprends les interrogations voire la déception, mais personne ne peut s'étonner qu'une municipalité qui organise (1) décide de la programmation. Les auteurs régionaux ne sont pas oubliés, bien au contraire. Ils seront placés sur les voies de déambulation entre les pôles des trois librairies (2), avec une très bonne visibilité et des emplacements gratuits, alors que c'était payant auparavant. »
Bernard Blanchet, maire: « Quand on change des habitudes on satisfait une partie des gens, on en bouscule d'autres. Ce nouveau concept était attendu. Il faut du renouvellement. »
A.-M. B.: « Lors des réunions du comité de pilotage, il y avait consensus pour renouveler le concept du Salon qui était essoufflé. On constatait aussi depuis plusieurs années que les visiteurs du Salon allaient peu dans la Cité de l'écrit. Nous ferons un bilan en fin d'année pour voir si ce concept doit être conservé ou modifié. »
Alexis Mazade, responsable du projet culturel: « Nous sommes désolés de cette réaction de Geste, à qui nous avons proposé un rendez-vous. Nous allons rassurer, expliquer le modèle, s'il y a eu des inquiétudes et des incompréhensions. »

Sur quels critères avez-vous choisi les auteurs invités?

A.-M. B.: « Avant tout des auteurs reconnus pour la littérature, la démarche intellectuelle et la hauteur de vue, tout en maintenant une ambiance chaleureuse et populaire. Nous les avons aussi choisis selon les quatre thématiques: la ruralité; l'égalité homme femme; la démocratie et la liberté d'expression; le Portugal. La programmation est issue d'un collectif de citoyens associant les médiathèques, les lecteurs, les associations culturelles. »

Rémunérer les auteurs invités n'accentue-t-il pas l'écart avec ceux qui ne font pas partie de la programmation officielle?

B. B.: « Lorsque nous faisons venir des artistes pour un concert ils sont rémunérés. Pourquoi les auteurs viendraient-ils bénévolement? Le budget reste le même, mais nous le dépensons autrement. »
A.-M. B.: « Les droits d'auteur sur un livre sont dérisoires. Même un auteur qui vend 100 livres au cours du week-end ne s'y retrouve pas. Nous remercions les auteurs sans qui ces rencontres n'auraient pas lieu. Dans les événements culturels de renom, comme le festival d'Avignon, il y a une programmation officielle financée par les organisateurs et, en marge, des artistes qui viennent se faire connaître en bénéficiant des retombées de l'événement. »


(1) La Ville confiait auparavant l'organisation à une société spécialisée.
(2) Place du Vieux marché, cour de la Préface et parvis de Notre-Dame.

Propos recueillis parSébastien Kerouanton