Camille Lebon s'en est allée au seuil de ses 106 ans
Elle avait émis le souhait de devenir la doyenne du département (lire ci-dessous), mais le destin en a décidé autrement. La Valdiviennoise Camille Lebon s'en est allée au seuil de ses 106 printemps. Il y a un peu plus d'un an elle vivait encore sereinement et en toute autonomie dans sa maison à Saint-Martin-la-Rivière. Sa famille, ses voisines, ses amis et les employées de l'ADMR lui apportaient beaucoup de chaleur humaine et ils étaient aux petits soins pour elle, aimait-elle à souligner. Malheureusement sa santé de plus en plus déclinante l'avait contrainte à quitter son cher logis pour intégrer l'Ehpad de Fleuré. Malgré tout Camille s'y sentait très bien et adorait arpenter les couloirs sur son fauteuil roulant. « Le personnel est très gentil avec moi! », reconnaissait-elle.
Née à La Chapelle
Morthemer
en avril 1915
Camille, qui avait travaillé dans les années cinquante aux établissements Nallet et fils, spécialisés dans le tri des noix et cerneaux, avait aussi une mémoire surprenante, notamment quand elle replongeait dans son passé qui lui a laissé des traces indélébiles. Surtout lorsqu'elle évoquait la Grande Guerre qui a entraîné son père, Paul Lebon, dans les tranchées pour en revenir dans un bien piteux état. « Avant la guerre, mon père travaillait comme domestique à la ferme des Robinières de La Chapelle-Morthemer que tenait mon grand-père. C'est là qu'il a connu ma mère. Ils se marièrent en juin 1914. Moi je suis née le 28 avril 1915, mon père était à la guerre. Il a été l'un des premiers à partir, il avait 27 ans. Durant les trois premières années, il n'a pas eu de problème et il revenait parfois en permission. Mais au mois de mars 1917, au Chemin des Dames, il fut cette fois très grièvement blessé par des éclats d'obus, la mâchoire fracassée et le corps criblé, racontait-t-elle. Il est revenu gueule cassée, avec un trou dans la joue. J'avais six ans alors. Au début quand il me prenait à son cou j'avais très peur et je pleurais d'effroi car j'étais très impressionnée ».
C'est cette tragique histoire qui a servi de fil rouge au spectacle son et lumière intitulé « Valdivienne 1918-2018 » (1) et qui fut joué à trois reprises en septembre 2018 au théâtre de verdure de Valdivienne en présence de plus de 1.000 spectateurs dont Camille, alors marraine du spectacle, et qui lors de la première représentation avait réclamé et chanté la Marseillaise à la fin du spectacle.
Les obsèques de Camille Lebon seront célébrées samedi, à 10h30, en l'église de Saint-Martin-la-Rivière.
(1) Film du spectacle « Valdivienne 1918-2018 » sur YouTube.
en savoir plus
C'est Jeanne Delétang qui est actuellement la doyenne de la Vienne. Résidente de la Maison de retraite Saint-André à Saint-Pierre-de-Maillé, elle fêtera ses 111 ans le 27 octobre prochain. Elle est 20 sur la liste des supercentenaires français vivants.